Haiku 61 - le vieux piano
le vieux piano noir
craque encore des sonates
de ce temps passé
20/09/10 - ©dh
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le vieux piano noir
craque encore des sonates
de ce temps passé
20/09/10 - ©dh
dans la rue des passants qui passent
aux fenêtres des immeubles bourgeois,
des rideaux-moucharabiehs filtrent la lumière
et le regard inquisiteur des observateurs observés
dans la rue des passants qui passent
mes poumons s’emplissent d'une fumée âcre
que crachent les pots d’échappement
des voitures aux moteurs vrombissants
dans la rue des passants qui passent
ne s’entend plus l’appel du vitrier et du rémouleur
mais le vacarme assourdissant du marteau-piqueur
lacéré par le hurlement intermittent des sirènes
dans la rue des passants qui passent
à l’interstice du caniveau et d’une bouche d’égout
éclate le jaune de la fleur d’un pissenlit
sémaphore végétal d’une grisaille conquérante
dans la rue des passants qui passent
déambule une foule indifférente,
le soulier traînant et s’usant
sur le tapis rêche d’un asphalte noir
dans la rue des passants qui passent
passe et se dépasse ainsi la vie
10/09/10 - ©dh
buée du matin
à la journée vêtue d'Or
traîne encor l'été
06/09/10 - ©dh
leurs mains tendues
moissonnent les foules
récoltent l’indifférence
se salissent de haines
la nuit n’est déjà plus
et le jour pas encore
que le cauchemar resurgit
plus hideux que jamais
leurs yeux noirs
perdent de leur éclat
fixent l’horizon lointain
s’embrouillent de larmes
le chemin s’arrête là
des ronces aux barbelés
luttent alors les couleurs
du bleu, du blanc, du rouge...
à la fin, le noir s’impose
dans un grand vide, un grand silence,
et mon cœur me fait mal, mal à en vomir
attendez-moi... j'arrive, mire pral
31/08/10 - ©dh
lignes parallèles
se suivent sans se croiser
ont la fin pareille
24/06/10 - ©dh
vois-tu ce merle
écoute-le au matin
il chante la vie
14/06/10 - ©dh
mi-mi fa so-sol
la si do ré qu'Octave
presto s'envole
31/05/10 - ©dh
chemin de terre
chemin de poussière
aux nuages d'ocre recouvrant
tu t'empruntes au rythme lent
sous un azur d'éternité
bordé de l'émeraude des prés
une blanche atmosphère de fête
vibre au chant de l'alouette
chemin de terre
chemin de lumière
que reste-t-il de cet enfant
de cette jeunesse au cœur battant
marchant sur les traces effacées
par des sylphes qui l'ont précédé
cet inconscient impénitent
s'avance à la rencontre du néant
chemin de terre
chemin de misère
sur ce manteau tant de chagrins
de calvaires pour le pèlerin
de cette faim à une autre fin
l'espérance du lendemain
fait briller dans ses yeux
la certitude d'un autre lieu
07/05/10 - ©dh
Ils s'embrassaient tendrement, longuement. Assez longtemps jusqu'à ce que la voix forte du chauffeur de bus mette brusquement fin à leur étreinte.
- Chambéry - Voglans, départ immédiat !
C'est avec beaucoup de difficulté qu'il consent à la laisser s'en aller. Même Roméo n'en a pas fait autant pour sa Juliette. La scène est d'une telle intensité romantique qu'elle arracherait des soupirs d'émotion à n'importe quel spectateur lambda. Vraiment, que c'est beau l'amour. A peine entrée dans l'autobus, elle se précipite sur le premier siège libre au plus près de la vitre. Elle y colle ses deux mains, doigts bien écartés, et y pose ses lèvres pour lui envoyer un dernier baiser. Le bus démarre en crachant un gros nuage de fumée noire, empestant l'air avec une sale odeur de gazole. Il fait deux pas en arrière pour ne pas se faire écraser les pieds par les roues imposantes de l'engin. Il réussit à déchiffrer sur les lèvres de sa bien-aimée cet ultime message muet qu'elle articule avec lenteur pour se faire bien comprendre : "Je 't'aime".
La tâche bleue du véhicule se fond rapidement au loin dans la barre sombre d'un soir d'été naissant. Il cesse d'agiter sa main droite, le visage plus songeur que triste ceci malgré la présence de larmes naissantes au coin de ses yeux. Vivaldi, ou plutôt la version sonnerie de ses quatre saisons, met fin à son expectation. Il colle son téléphone portable à l'oreille et prend la communication d'un ton légèrement excédé :
- Ah quand même... Bon pour ce soir c'est OK... Je suis chez toi dans une heure... Quoi ?... Je suis à la gare routière, je viens de déposer un pote... Oui, d'accord... Quoi ?... Mais oui je t'aime, qu'est-ce que tu vas penser ?...
Il raccroche et se dirige vers sa voiture. Il, est un garçon merveilleux, attentionné, amoureux, flamboyant diraient certains, parfait s'il n'y avait cette petite part ombre au tableau... c'est qu'il les aime toutes.
03/05/10 - ©dh
toi, marathonien
mille et mille foulées tu cours
seul tu cours et cours
26/04/10 - ©dh
En photo : le grand Emil Zatopek
Quand je vis le menu, je compris tout de suite...
D'une grande pirogue avec de grandes feuilles toutes souples avaient débarqué des hommes au visage aussi blanc que le sable des plages de notre île. C'était la première fois de ma vie qu'il m'avait été donné l'occasion de rencontrer de pareils êtres. Ils parlaient fort avec un langage que je ne connaissais pas. Aucun guerrier connu, même issu des tribus les plus lointaines, et ce bien au-delà de la barrière de corail, ne parlait cet idiome. Ils dégageaient une odeur qui portait loin. Certains sentaient le rance et le suint, d'autres, ceux qui les commandaient, avaient le parfum délicat de fleurs qui m'étaient inconnues. Ils firent des feux sur la plage et y construisirent des cabanes avec le même genre de feuilles souples que celles de leur grande pirogue. Quand le soleil eut dépassé le zénith, ils se mirent par deux, les uns derrière les autres et marchèrent, dans notre direction, vers la forêt dense et luxuriante. Tapis dans l'ombre du végétal, ma tribu et moi-même les attendions avec une certaine impatience. Il y avait de tout et pour tous les goûts, des secs, des bien gras, des grands, des petits...
Quand je vis le menu, j'avais compris tout de suite que, cette année, la mauvaise saison allait se passer dans l'opulence.
19/04/10 - ©dh
la vie pointillé
c'est la coupure en sursis
d'un ego en deux
12/04/10- ©dh