Haiku 48 - l'arbre mort
de cet arbre mort
te souviens-tu la fraîcheur
les étés passés
12/02/10 - ©dh
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de cet arbre mort
te souviens-tu la fraîcheur
les étés passés
12/02/10 - ©dh
le portail était ouvert
tout allait bien
la caravane ne s'arrêtait pas
quand aboyaient les chiens
le portail est fermé
on ne passe plus
le point d'eau se tarit
le cœur des hommes aussi
l'incompréhension s'installe
et l'on oublie le partage
le portail sépare
le fil qui unissait
est barbelé maintenant
il meurtrit les chairs
et saigne les âmes
le portail est en nous
09/02/10 - ©dh
dans ce jardin
le temps se fait calme
le vent s'endort
se joue alors
la douce musique
des feuilles
au sol tombant
dans ce jardin
à la rosée du matin
s'offrent les fleurs
quand au premier rayon venu
sur le tendre tapis vert
du bord de la fontaine
s'ébrouent les petits princes
dans ce jardin
la nappe blanche est mise
pour une grande fête désertée
seul en livrée noire
un majordome sautille
cherchant au milieu de la toile
le nombre d'or perdu
dans ce jardin
des après-midis conquérants
bruissent les frondaisons
et à l'ombre généreuse
des grands arbres
se couchent avec bonheur
les amoureux reconnaissants
08/02/10 - © dh
La mer fait le gros dos. La grève sert de déversoir à d'énormes rouleaux gris marron. Le grondement est assourdissant. De rage, la mer recouvre tous les galets de la plage d'une écume blanchâtre. Le vent, monstrueusement puissant, fait valoir ses droits à la grande dune qui surplombe ce petit coin du littoral. L'endroit, rareté pittoresque, se trouve coincé entre une forêt de pins et de chênes et un minuscule bourg où se serrent une poignée de maisons basses et massives, couvertes de lauzes. Sifflant de rage, l'enfant d'Eole arrache à l'imposante dune d'incroyables quantités de sable, les projetant en écharpes tournoyantes vers un ciel patibulaire, entièrement saturé de nuages noirs.
Rien ne doit, rien ne peut faire cesser la course de ce serviteur zélé, vassal obéissant au suzerain suprême, le commandeur des forces de la nature. Rien ne semble pouvoir le contrer. De vent à tempête déclarée, il semble atteindre son paroxysme quand brusquement, comme de dépit et de renoncement face à l'ampleur de la tâche, il s'arrête. Un promeneur fourvoyé et certainement inconscient en profite pour presser le pas dans la direction du hameau. Il garde la tête engoncée dans son ciré jaune et retient sa respiration, de crainte qu'un déplacement d'air, si minime soit-il, ne rejoigne le dépité et ne l'incite à recommencer. Peine perdue, le répit ne dure pas. Agissant, par calcul, sur un éventuel relâchement de l'opposition, le vent repart de plus belle. Plus virulent et plein de fureur, c'est avec une force décuplée qu'il s'attaque maintenant aux touffes de laîche, l'indéfectible alliée de la dune. Et ce sont des paquets entiers de végétaux qui sont arrachés et emportés, transformant cet ancien havre de paix en un enfer à la vision quasi dantesque.
La pluie, bien trop impressionnée par la violence de son acolyte, évite de participer à la curée. Elle laisse le saccage aboutir. Tout à l'heure, il lui sera encore temps de faire preuve de compassion en pleurant abondamment sur ce qui restera de la dune.
05/02/10 - ©dh
A l’hiver où règne le grand froid
Suit le printemps doux comme il se doit
Et quand au bel été brûlent les corps
C’est à l’automne que coule l’or
03/02/10 - ©dh
les résolutions
qui jamais ne sont prises
restent les meilleures
05/01/10 - ©dh
Les jours passent... Les jours lassent... Un pas s’avance et s’ajuste avec lenteur devant l’autre...
Glissent en silence les paquets de nuages sur fond d’horizon d’un soleil flamboyant, délire magistral d’une alchimie que seule la nature peut créer. Mille feux rougeoyants, mille ors fondants vers des blancs immaculés. Et mon imagination vagabonde vers ces contrées. Là-bas, au pays des châteaux magnifiques, où le pourpre, le satin, le marbre blanc et le porphyre font loi. Châteaux sertis, telles des pierres précieuses, dans d’immenses parcs luxuriants aux larges allées tantôt rectilignes, tantôt sinueuses à la rencontre d’arbres vénérables aux empennages débordants. En ces lieux ne règne qu’une seule saison qui ne porte aucun nom. Le froid, la canicule y sont inconnus. Même la pluie se fait discrète en ne tombant que très rarement, la nuit, pendant le sommeil des vivants. Un vent doux et puissant secoue la canopée environnante faisant frissonner de contentement cette nature au sommet de sa plénitude.
Sur le perron d’un de ces châteaux, se tient une gente dame serrant dans ses mains, blottie contre son cœur, une tourterelle blanche. Retenant l’oiseau jusqu’à l’ultime seconde de sa prière silencieuse, elle étend ses deux bras à l’horizontale. Deux longues mains fines s’ouvrent subitement libérant le dépositaire de ses vœux secrets. D’un battement d’ailes énergique le messager s’envole très haut en une majestueuse courbe donnant l’impression du retour pour finalement se raviser et disparaître, se fondant dans l’éclatant lointain...
21/12/09 - ©dh
noël au dehors
avec une bûche glacée
c'est vraiment flocon
15/12/09 - ©dh
parabolique
le vol de cette hirondelle
ainsi va la vie
12/11/09 - ©dh
eldorado si
tu te caches dans les yeux
les yeux de l'amour
27/10/09 - ©dh
sans même crier gare
il s’étale et s’impose
le changement est si brutal
que mon cœur en est surpris
lui qui bat à rythme rapide
chute instantanément
aspiré par le vide présent
le silence vient de s’inviter
laissant aux molécules seules
le droit de s’entrechoquer
pour une hypothétique cacophonie
dans leur monde infinitésimal
de longs moments
prolongent de longs moments
et s'écoule la clepsydre
de mon horloge vasculaire
et monte à mes oreilles
le bruit d'un flot
où sourd cette angoisse
allant crescendo
jusqu'à emporter
le primo soulagement
et se ressent ce manque
le regret du bruit de la vie
dès lors ne supportant plus
ce trop pesant remplaçant
et après une ultime hésitation
jaillit ce cri renaissance
mettant fin à l’hégémonie
de cet autocrate silence
21/10/09 - ©dh