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daniel - Page 33

  • Automne

    colline_automne.jpg

    …La belle saison touche à sa fin. Comme à chaque fois, à pareille époque, nous nous rendons, nous les tribus de la plaine, sur la colline sacrée afin d’implorer les dieux de nous préserver de la dureté de la saison morte à venir.

     

     

    Le chaman, gardien des lieux, nous accueille avec une froideur et un détachement inhabituels. Même nos offrandes, plus conséquentes que jamais, ne semblent pas détendre l’homme sacré. Toutes les tribus ont le pressentiment que quelque chose de terrible va se passer.

     

    D’un pas lent, il se dirige vers le plus haut point de la butte et se tourne vers nous, les deux bras croisés sur sa poitrine.  Et, quand sa main gauche se tend vers le ciel comme pour le saisir, une rumeur formidable se fait entendre. Tous ceux qui sont présents, hommes, femmes, jeunes, vieux, savent son pouvoir illimité ; mais là, cela dépasse l’entendement. Les cieux semblent réagir au moindre mouvement de ses doigts. Quand il les referme, la ligne d’horizon se tord et l’ensemble, nuages compris, se froisse comme se froisserait une étendue d’eau prise sous la tempête. Aussitôt le miroir de la mer cesse et un noir absolu, mat, prend lieu et place des reflets, des brillances. Il y a bien le soleil qui fait de la résistance. Elle ne dure guère. L’astre s’accroche l’espace d’un instant, brûlant de mille ors comme jamais il ne l’a fait. Mais au second coup de poignet, son sort est définitivement scellé. Il disparaît comme le reste. Après un bref silence dû à la stupéfaction, l’on entend rapidement des sanglots s’élever vers ce qui fut et n’est plus. Des gémissements, des supplications s’adressent à l’homme vénéré.

    Heureusement la nuit ne dure pas. Tendant bien haut sa main droite, les doigts écartés, il restitue le ciel et la lumière sous les cris de joie de la foule. Au moment où il abaisse son bras, alors qu’aucun vent ne souffle, toutes les feuilles des arbres de la forêt environnante tombent d’un coup, d’un seul…

     

    - Alors, tu y arrives au bout de ta traduction ?

    - Tu sais, ce n’est pas facile. J’ai bien mis deux semaines pour donner un sens cohérent à ce récit. C’était écrit dans une langue totalement inconnue. J’ai dû faire des recoupements avec d’autres dialectes très anciens qui avaient gardé quelques mots ou expressions qui leur étaient apparemment communs et…

    - Dis donc le gars qui a écrit ce texte nous raconte le déroulement d’une éclipse en automne.

    - C’est fort probable, mais il y a un truc qui me chipote.

    - Quoi donc ?

    - Jamais personne n’a vu les feuilles des arbres d’une forêt entière tomber d’un seul bloc et, qui plus est, sans l’aide du moindre vent.

     

     

     

    26/09/11 - ©dh

  • Haiku 73 - septembre

     

    signe ou cygne
    champ ou chant d'un bel été
    qui n'en finit plus

     

    12/09/11 - ©dh

  • Haiku 72 - bleu (libre impression)


    Mer.jpg

    du bleu à la mer
    et là-bas cet horizon
    bleu de peur s'en va

     

    ©dh - 02/09/11 

     

    Crédit photo : Toncrate

  • Double ton

    caviar.jpg

    C’était il y fort longtemps, à une époque où la chance ne nous souriait guère. La vie était difficile et de la poisse on tentait de s’en accommoder. La région était secouée par d’étranges affaires, à l’image de celle que je m’apprête à vous narrer : le cas Lamarre. Cette histoire avait débuté, si ma mémoire ne me fait pas défaut, un mois de juillet, le jour de la Saint-Jacques à l’auberge des Six Reines, établissement réputé pour sa bonne chère et son ambiance pacifique. Ce jour-là un type, un Français né en Allemagne dans la Sarre, dînait seul. L’homme grand, blanc, pas vraiment blond mais roux, avait pour particularité de dévoiler, quand il souriait, une inquiétante dentition. Son regard était perçant, mais pouvait être angélique selon les circonstances. Même le ton de sa voix rocailleuse savait, parfois, se faire suave. Ce que l’on a su, bien après, c’est que l’homme était dangereux. Ce n’était pas un simple quidam. C’était un pilier de bar, beau parleur, acoquiné avec le milieu. Et quand la serveuse, la jeune Lamarre, eut à s’occuper de ce numéro, cela ne fit aucun pli. Pour la ramener dans ses filets, l’homme prétexta que le service était lent et affirma qu’en choix de desserts la carte frisait l’indigence. Afin de lui éviter des ennuis, la prudence recommandait à la jeune femme de tourner au moins sept fois sa langue ou se tenir prêt au pire. La malheureuse ne voyant pas le bouchon arriver, entra dans le jeu de l’énergumène et…

    Comment ça ? Tout le monde s’en bat l’aine ? C’est bon j’ai compris, mon bateau prend l’eau, c’est le moment où le rat se casse. Ça va, j’arrête de vous faire marrer.


     

    17/08/11 - ©dh

  • Haiku 71 - éternité

    crépuscule.jpg

    au corps crépuscule
    survit le cœur éternel
    du poète enfant

     

    08/08/11 - ©dh

  • Souvent je me prends pour...

    crépuscule.jpg

    Souvent je me prends pour un ange. Mon sourire est douceur et je dispense bienfaits tout alentour. De l’arrière de ma chemise immaculée sortent deux ailes blanches me permettant de voler rapidement au secours des gens en grande détresse qui invoquent mon nom. 

    Hélas... La réalité est autre. Mon âme est noire. Elle est si noire que je n’ai pas pu m’empêcher de vous mentir sur ma vraie nature. Je déteste les gens. Tout contact physique m’insupporte. Je les fuis autant que faire se peut. Que l’un d’entre eux ait l’outrecuidance de croiser mon chemin lors de mes balades nocturnes et d’essayer de nouer le dialogue, alors... Je suis si méchant qu’il m’arrive de me faire peur. Je ne peux plus me supporter, et ceci à un tel point, que j’ai décidé de faire disparaître tout reflet de ma personne dans un miroir. Même mon ombre n’existe plus.

    De temps à autre de courts répits entrecoupent ma haine et me permettent, comme en ce moment, de poser un regard lucide sur mon terrible comportement. D’ailleurs je ressens que mon naturel reprend le dessus et je vais abréger mon écrit qui risque de se faire plus mordant. Pardon... Non, ne me pardonnez pas ! Je vous abhorre...

     

    30/06/11 - ©dh

  • A bout de souffle

    lettre_mail.jpgChers Impromptus,

    Je proteste contre cette idée saugrenue qui est de demander l'écriture d'une lettre de réclamation où il ne sera toléré aucun point en son corps, hormis le final, cela étant irréaliste parce que, vous en conviendrez, quand je m'exclame je dois utiliser le point d'exclamation, si je m'interroge c'est le point d'interrogation et bien que le texte puisse circuler entre les virgules et se donner la possibilité de doubler le point pour amener à une démonstration, je ne peux introduire le doute ou l'hésitation avec, par exemple, le point de suspension qui, est à mes yeux, bien plus nécessaire pour étayer mes récriminations que les tirets, parenthèses et autres points-virgules autorisés ; c'est donc avec ce courrier que je tiens à faire cette mise au point qui ne nécessite pas forcément d'ouvrir des guillemets pour mettre en exergue ma mauvaise humeur, mais qui me permet de conclure en les plaçant sur le mot "fin".

     

    21/06/11 - ©dh

  • Haiku 70 - roses de mai

    rose_de_mai.jpg 

    en ce beau jardin
    éclatent mes yeux, mon cœur
    aux roses de mai

     

     

    18/05/11 - ©dh

  • Sur un fil

    matin_printemps.jpg

    bien trop vite s'écoule avril
    emportant toute ma pensée
    malgré les belles matinées
    je ne peux renouer le fil

     

    15/04/11 - ©dh

  • Haiku 69 - vent divin

     

    ô toi souffle encore
    toi qui sauva le Japon
    ô Kamikaze

     

     

    16/03/11 - ©dh

     

    Il convient de lire Kamikaze : Kamikazé

  • Haiku 68 - timidité

     

    main caressante
    tremblant sur la peau satin
    un timide aveu

     

     

    10/03/11 - ©dh

  • Quatrième de couverture

    Lescargot.jpg

    Rien ne va plus au pays du Bois Joli. Le manège enchanté a cessé de tourner. On a retrouvé la petite Margot assassinée après avoir été violée. Les soupçons se portent sur Ambroise le gastéropode qui a disparu. Des traces baveuses sur la victime semblent l’accabler. Pollux, le limier anglais, garde son flegme et se lance sur la piste du criminel. Son enquête l’emmène de surprise en surprise.  Zébulon, le transporteur magique, devenu alcoolique déprime, le ressort cassé. Azalée la vache, rente garantie des plus grands psychiatres patentés, essaye de positiver en s’évitant de faire un fromage. Flappy le lapin, grand consommateur d’herbe qui a, depuis bien longtemps, cessé d’en manger pour la fumer, se cache chez lui, terrorisé. A la suite de ce crime, d’anciens méfaits, non-élucidés et tous aussi sordides, remontent à la surface. Ambroise serait-il le responsable de tout cela... hep, hep, hep... tournicoti, tournicoton...

    Les Impromptus nous dévoilent, avec leur premier roman “Les crimes de l’escargot”, la face cachée du Manège enchanté, grand succès des sixties. Ils nous entraînent, avec ce thriller haletant, dans les coulisses d’un monde qui se voulait lisse et rose mais qui se révèle finalement noir... terrifiant. Un livre pour ceux qui veulent couper définitivement le cordon qui les rattache à leur tendre enfance.

     

    01/03/11 - ©dh

     

    Photo sous licence Creative Commons, d'après FlickR -  Montage aléatoire généré par le site "untitre" d'Omer Pesquer.