Haiku 76 - chagrin d'automne
des larmes jaunes
doucement glissent au sol
chagrin d'automne
07/11/11 - ©dh
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des larmes jaunes
doucement glissent au sol
chagrin d'automne
07/11/11 - ©dh
j'aurais aimé comprendre
j'aurais aimé savoir
quel chemin prend le tendre
qui cueille une rose le soir
j'aurais aimé sentir
j'aurais aimé goûter
sans avoir à souffrir
ce rêve d'un bel été
j’aurais aimé vivre
j’aurais aimé mourir
les instants qui enivrent
où le bien est le pire
j'aurais tant aimé
02/11/11 - ©dh
elle me regardait
borgne et noircie par les ans
la vieille maison
21/10/11 - ©dh
sous ce grand hêtre
l'avis bruyant de mes pas
l'été s'est enfui
05/10/11 - ©dh
…La belle saison touche à sa fin. Comme à chaque fois, à pareille époque, nous nous rendons, nous les tribus de la plaine, sur la colline sacrée afin d’implorer les dieux de nous préserver de la dureté de la saison morte à venir.
Le chaman, gardien des lieux, nous accueille avec une froideur et un détachement inhabituels. Même nos offrandes, plus conséquentes que jamais, ne semblent pas détendre l’homme sacré. Toutes les tribus ont le pressentiment que quelque chose de terrible va se passer.
D’un pas lent, il se dirige vers le plus haut point de la butte et se tourne vers nous, les deux bras croisés sur sa poitrine. Et, quand sa main gauche se tend vers le ciel comme pour le saisir, une rumeur formidable se fait entendre. Tous ceux qui sont présents, hommes, femmes, jeunes, vieux, savent son pouvoir illimité ; mais là, cela dépasse l’entendement. Les cieux semblent réagir au moindre mouvement de ses doigts. Quand il les referme, la ligne d’horizon se tord et l’ensemble, nuages compris, se froisse comme se froisserait une étendue d’eau prise sous la tempête. Aussitôt le miroir de la mer cesse et un noir absolu, mat, prend lieu et place des reflets, des brillances. Il y a bien le soleil qui fait de la résistance. Elle ne dure guère. L’astre s’accroche l’espace d’un instant, brûlant de mille ors comme jamais il ne l’a fait. Mais au second coup de poignet, son sort est définitivement scellé. Il disparaît comme le reste. Après un bref silence dû à la stupéfaction, l’on entend rapidement des sanglots s’élever vers ce qui fut et n’est plus. Des gémissements, des supplications s’adressent à l’homme vénéré.
Heureusement la nuit ne dure pas. Tendant bien haut sa main droite, les doigts écartés, il restitue le ciel et la lumière sous les cris de joie de la foule. Au moment où il abaisse son bras, alors qu’aucun vent ne souffle, toutes les feuilles des arbres de la forêt environnante tombent d’un coup, d’un seul…
- Alors, tu y arrives au bout de ta traduction ?
- Tu sais, ce n’est pas facile. J’ai bien mis deux semaines pour donner un sens cohérent à ce récit. C’était écrit dans une langue totalement inconnue. J’ai dû faire des recoupements avec d’autres dialectes très anciens qui avaient gardé quelques mots ou expressions qui leur étaient apparemment communs et…
- Dis donc le gars qui a écrit ce texte nous raconte le déroulement d’une éclipse en automne.
- C’est fort probable, mais il y a un truc qui me chipote.
- Quoi donc ?
- Jamais personne n’a vu les feuilles des arbres d’une forêt entière tomber d’un seul bloc et, qui plus est, sans l’aide du moindre vent.
26/09/11 - ©dh
signe ou cygne
champ ou chant d'un bel été
qui n'en finit plus
12/09/11 - ©dh
du bleu à la mer
et là-bas cet horizon
bleu de peur s'en va
©dh - 02/09/11
Crédit photo : Toncrate
C’était il y fort longtemps, à une époque où la chance ne nous souriait guère. La vie était difficile et de la poisse on tentait de s’en accommoder. La région était secouée par d’étranges affaires, à l’image de celle que je m’apprête à vous narrer : le cas Lamarre. Cette histoire avait débuté, si ma mémoire ne me fait pas défaut, un mois de juillet, le jour de la Saint-Jacques à l’auberge des Six Reines, établissement réputé pour sa bonne chère et son ambiance pacifique. Ce jour-là un type, un Français né en Allemagne dans la Sarre, dînait seul. L’homme grand, blanc, pas vraiment blond mais roux, avait pour particularité de dévoiler, quand il souriait, une inquiétante dentition. Son regard était perçant, mais pouvait être angélique selon les circonstances. Même le ton de sa voix rocailleuse savait, parfois, se faire suave. Ce que l’on a su, bien après, c’est que l’homme était dangereux. Ce n’était pas un simple quidam. C’était un pilier de bar, beau parleur, acoquiné avec le milieu. Et quand la serveuse, la jeune Lamarre, eut à s’occuper de ce numéro, cela ne fit aucun pli. Pour la ramener dans ses filets, l’homme prétexta que le service était lent et affirma qu’en choix de desserts la carte frisait l’indigence. Afin de lui éviter des ennuis, la prudence recommandait à la jeune femme de tourner au moins sept fois sa langue ou se tenir prêt au pire. La malheureuse ne voyant pas le bouchon arriver, entra dans le jeu de l’énergumène et…
Comment ça ? Tout le monde s’en bat l’aine ? C’est bon j’ai compris, mon bateau prend l’eau, c’est le moment où le rat se casse. Ça va, j’arrête de vous faire marrer.
17/08/11 - ©dh
au corps crépuscule
survit le cœur éternel
du poète enfant
08/08/11 - ©dh
Souvent je me prends pour un ange. Mon sourire est douceur et je dispense bienfaits tout alentour. De l’arrière de ma chemise immaculée sortent deux ailes blanches me permettant de voler rapidement au secours des gens en grande détresse qui invoquent mon nom.
Hélas... La réalité est autre. Mon âme est noire. Elle est si noire que je n’ai pas pu m’empêcher de vous mentir sur ma vraie nature. Je déteste les gens. Tout contact physique m’insupporte. Je les fuis autant que faire se peut. Que l’un d’entre eux ait l’outrecuidance de croiser mon chemin lors de mes balades nocturnes et d’essayer de nouer le dialogue, alors... Je suis si méchant qu’il m’arrive de me faire peur. Je ne peux plus me supporter, et ceci à un tel point, que j’ai décidé de faire disparaître tout reflet de ma personne dans un miroir. Même mon ombre n’existe plus.
De temps à autre de courts répits entrecoupent ma haine et me permettent, comme en ce moment, de poser un regard lucide sur mon terrible comportement. D’ailleurs je ressens que mon naturel reprend le dessus et je vais abréger mon écrit qui risque de se faire plus mordant. Pardon... Non, ne me pardonnez pas ! Je vous abhorre...
30/06/11 - ©dh
Chers Impromptus,
Je proteste contre cette idée saugrenue qui est de demander l'écriture d'une lettre de réclamation où il ne sera toléré aucun point en son corps, hormis le final, cela étant irréaliste parce que, vous en conviendrez, quand je m'exclame je dois utiliser le point d'exclamation, si je m'interroge c'est le point d'interrogation et bien que le texte puisse circuler entre les virgules et se donner la possibilité de doubler le point pour amener à une démonstration, je ne peux introduire le doute ou l'hésitation avec, par exemple, le point de suspension qui, est à mes yeux, bien plus nécessaire pour étayer mes récriminations que les tirets, parenthèses et autres points-virgules autorisés ; c'est donc avec ce courrier que je tiens à faire cette mise au point qui ne nécessite pas forcément d'ouvrir des guillemets pour mettre en exergue ma mauvaise humeur, mais qui me permet de conclure en les plaçant sur le mot "fin".
21/06/11 - ©dh
en ce beau jardin
éclatent mes yeux, mon cœur
aux roses de mai
18/05/11 - ©dh