L'impermanence de l'instant / The Impermanence of the Moment

La couleur des yeux du regard rempli de mystère d’une beauté souriante, la nature qui change au gré des saisons, le chant mélodieux d’un oiseau au plumage coloré, la douceur de la caresse d’un petit vent printanier, le goût sucré ou salé d’un aliment que l’on découvre avec ravissement, la fraîcheur de la neige que l’on comprime dans ses mains, la sarabande d’un feu de bois aux flammes qui nous hypnotisent, la magie d’une aube naissante ou d’un soleil couchant, le mystère des bruits de la vie nocturne, l’immensité infinie d’une nuit étoilée en été... tout ce que nos sens perçoivent... tout et encore plus... tout, l’espace d’un instant... de cet instant qui passe... qui, presque jamais, ne se reproduit à l’identique... et c’est bien là cette impermanence qui donne saveur à ces moments particuliers... si chers à nos cœurs.
Alors, vivons pleinement ces instants quand ils se présentent... sans aucune attache au passé dépassé et au futur hypothétique.
The colour of eyes in a gaze full of mystery from a smiling beauty, nature changing with the seasons, the melodious song of a bird in vibrant plumage, the soft caress of a small spring breeze, the sweet or savoury taste of a dish one discovers with delight, the crispness of the snow squeezed between one’s hands, the wild dance of a wood fire with hypnotising flames, the magic of a breaking dawn or that of a setting sun, the mystery of the sounds of nocturnal life, the boundless immensity of a starry night in summer... everything our senses perceive... everything and more still... all of it, for one moment... this moment which slips away... which almost never repeats itself... and it is this very impermanence which gives these particular moments their flavour... so dear to our hearts.
Therefore let us live these moments fully, when they come to us... without clinging to a past that’s already far gone, or a future that may never be.
12/05/25 - ©dh




J’aime à me réchauffer aux rayons de ce soleil d’automne, à sentir mes épaules s’engourdir. J’aime quand s’engage ce combat, qui n’en est pas vraiment un, entre ce désir de s’assoupir et cette volonté de garder les yeux bien ouverts. Dans ces moments-là, je ne pense à rien de précis, me contentant de calmer ma respiration et de regarder, sans jamais les regarder, passer les gens, véhicules et animaux. Cet après-midi le ciel bleu est délavé. Parsemé de grandes plaques à peine blanches, il coiffe un paysage urbain inondé de lumière qui prend un air de détrempe miel or. Affalé sur un banc, je m’y enfonce, imperceptiblement, comme pour y rechercher un meilleur confort. Les battements de mon cœur se font de plus en plus espacés, la somnolence me gagne. Un bâillement, puis un autre, me tirent des larmes bien involontaires. La vue brouillée, je m’étire en me levant. Il est, pour moi, grand temps de rentrer avant que la journée ne soit trop entamée, conscient que le changement de luminosité modifierait et gâcherait, irrémédiablement, tout le bénéfice de ce moment de quiétude privilégié.
Ce n’était plus de simples feuilles de hêtre collées à un rectangle gris, mais bien des éclats de couleur vert, sienne, or, rehaussés de la lumière d’un courageux soleil d’après ondée, suspendus avec délicatesse à un dais bleu teinté d'une minéralité pétrole, qui s’offraient à mon regard ce matin-là.
