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Impressions - Page 3

  • La dune

    tempête.jpg

    La mer fait le gros dos. La grève sert de déversoir à d'énormes rouleaux gris marron. Le grondement est assourdissant. De rage, la mer recouvre tous les galets de la plage d'une écume blanchâtre. Le vent, monstrueusement puissant, fait valoir ses droits à la grande dune qui surplombe ce petit coin du littoral. L'endroit, rareté pittoresque, se trouve coincé entre une forêt de pins et de chênes et un minuscule bourg où se serrent une poignée de maisons basses et massives, couvertes de lauzes. Sifflant de rage, l'enfant d'Eole arrache à l'imposante dune d'incroyables quantités de sable, les projetant en écharpes tournoyantes vers un ciel patibulaire, entièrement saturé de nuages noirs.

    Rien ne doit, rien ne peut faire cesser la course de ce serviteur zélé, vassal obéissant au suzerain suprême, le commandeur des forces de la nature. Rien ne semble pouvoir le contrer. De vent à tempête déclarée, il semble atteindre son paroxysme quand brusquement, comme de dépit et de renoncement face à l'ampleur de la tâche, il s'arrête. Un promeneur fourvoyé et certainement inconscient en profite pour presser le pas dans la direction du hameau. Il garde la tête engoncée dans son ciré jaune et retient sa respiration, de crainte qu'un déplacement d'air, si minime soit-il, ne rejoigne le dépité et ne l'incite à recommencer. Peine perdue, le répit ne dure pas. Agissant, par calcul, sur un éventuel relâchement de l'opposition, le vent repart de plus belle. Plus virulent et plein de fureur, c'est avec une force décuplée qu'il s'attaque maintenant aux touffes de laîche, l'indéfectible alliée de la dune. Et ce sont des paquets entiers de végétaux qui sont arrachés et emportés, transformant cet ancien havre de paix en un enfer à la vision quasi dantesque.

    La pluie, bien trop impressionnée par la violence de son acolyte, évite de participer à la curée. Elle laisse le saccage aboutir. Tout à l'heure, il lui sera encore temps de faire preuve de compassion en pleurant abondamment sur ce qui restera de la dune.


     05/02/10 - ©dh

  • Remember Walt...

    ciel_walt.jpgLes jours passent... Les jours lassent... Un pas s’avance et s’ajuste avec lenteur devant l’autre...
    Glissent en silence les paquets de nuages sur fond d’horizon d’un soleil flamboyant, délire magistral d’une alchimie que seule la nature peut créer. Mille feux rougeoyants, mille ors fondants vers des blancs immaculés. Et mon imagination vagabonde vers ces contrées. Là-bas, au pays des châteaux magnifiques, où le pourpre, le satin, le marbre blanc et le porphyre font loi. Châteaux sertis, telles des pierres précieuses, dans d’immenses parcs luxuriants aux larges allées tantôt rectilignes, tantôt sinueuses à la rencontre d’arbres vénérables aux empennages débordants. En ces lieux ne règne qu’une seule saison qui ne porte aucun nom. Le froid, la canicule y sont inconnus. Même la pluie se fait discrète en ne tombant que très rarement, la nuit, pendant le sommeil des vivants. Un vent doux et puissant secoue la canopée environnante faisant frissonner de contentement cette nature au sommet de sa plénitude.

    Sur le perron d’un de ces châteaux, se tient une gente dame serrant dans ses mains, blottie contre son cœur, une tourterelle blanche. Retenant l’oiseau jusqu’à l’ultime seconde de sa prière silencieuse, elle étend ses deux bras à l’horizontale. Deux longues mains fines s’ouvrent subitement libérant le dépositaire de ses vœux secrets. D’un battement d’ailes énergique le messager s’envole très haut en une majestueuse courbe donnant l’impression du retour pour finalement se raviser et disparaître, se fondant dans l’éclatant lointain...



    21/12/09 - ©dh

  • Silence

    paysage.jpg 

    sans même crier gare
    il s’étale et s’impose
    le changement est si brutal
    que mon cœur en est surpris
    lui qui bat à rythme rapide
    chute instantanément
    aspiré par le vide présent
    le silence vient de s’inviter
    laissant aux molécules seules
    le droit de s’entrechoquer
    pour une hypothétique cacophonie
    dans leur monde infinitésimal
    de longs moments
    prolongent de longs moments
    et s'écoule la clepsydre
    de mon horloge vasculaire
    et monte à mes oreilles
    le bruit d'un flot
    où sourd cette angoisse
    allant crescendo
    jusqu'à emporter
    le primo soulagement
    et se ressent ce manque
    le regret du bruit de la vie
    dès lors ne supportant plus
    ce trop pesant remplaçant
    et après une ultime hésitation
    jaillit ce cri renaissance
    mettant fin à l’hégémonie
    de cet autocrate silence

     

    21/10/09 - ©dh

  • Je suis cet enfant

    dent_de_lion.jpg

    je suis cet enfant qui
    d'un souffle disperse les aigrettes
    d'une dent-de-lion

    je suis cet enfant qui
    naïvement, ferme ses yeux
    quand il fait un vœu

    je suis cet enfant qui
    garde intact toute l'innocence
    de son sourire

    je suis cet enfant qui
    la nuit tombée, regarde les étoiles
    et leur parle avec tendresse

    je suis cet enfant qui
    jamais ne se lasse d'attendre
    la venue des beaux jours

    je suis cet enfant qui
    sait que si un rêve est magnifique,
    il peut devenir réalité

      

    18/08/09 - ©dh