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daniel - Page 24

  • Une histoire d'amour

    De la fenêtre entrouverte monte les bruits de la rue. Elle, elle est allongée dans le grand lit carré de la chambre. Lui, il est assis sur une chaise à côté d’elle.

     

    Depuis des mois, des années il refait inlassablement les mêmes gestes comme un protocole bien établi. En entrant dans la pièce le matin il lui adresse d’une voix douce un bonjour ma chérie, as-tu bien dormi ? Elle ne lui répond pas, mais il lui sourit malgré tout. D’un pas souple, il se dirige vers la commode pour y déposer le plateau du petit déjeuner. Il fait trois pas sur sa gauche pour aller tirer les rideaux de tissu lourd de la grande fenêtre. Il actionne la poignée en laiton pour ouvrir grand le double battant et  y laisser pénétrer l’air frais du dehors. Après avoir patienter et profiter de cet instant du spectacle de la rue, il referme un battant et coince l’autre avec l’entrebâilleur de fenêtre. Il s’approche d’elle et, avec une douceur extrême, dépose un baiser sur son front. Il remonte son oreiller pour lui améliorer son confort. S’asseyant près d’elle une assiette à la main il entreprend tout doucement de l’alimenter. Avec patience, cuillère après cuillère il lui porte à la bouche une nourriture liquide, la seule qu’elle puisse ingérer, essuyant par instant, avec une délicatesse extrême, la commissure trempée des ses lèvres. A l’issue de ce petit déjeuner il lui fait la conversation, saisissant la main diaphane de son épouse dans ses grandes mains chaudes. Peu lui importe que de dialogue il n’y ait qu’un monologue, il garde dans sa voix la même passion et la même ferveur, celles qui les ont fait s’unir et s’aimer passionnément il y a longtemps déjà.

     

    Quand il quitte la chambre, il ne manque pas de l’embrasser tendrement et de lui dire :

    - Sois sans inquiétude mon amour, je reviens tout à l’heure.

    Et avant de refermer la porte, il la regarde toujours longuement avec ce regard, ce regard de vérité qui en dit long sur ses sentiments, le regard du premier jour.

     

    11/11/14 - ©dh

  • Un voyage inattendu

    Tout avait commencé par une course. Au top départ, nous nous étions tous élancés pour courir comme des dératés, comme si notre vie en dépendait. Et le meilleur et le plus rapide ce fut moi. J’étais content, heureux comme un fou. Les autres tiraient la tronche. Ils me jalousaient, c’est sûr, je ne les ai plus revus depuis. Pour avoir été le vainqueur de cette compétition j’ai eu droit à une récompense : un séjour VIP tous frais payés. Tout, absolument tout était compris. Nourri, logé, choyé, dorloté, j’étais bien, trop bien au point de commencer à gêner quelque peu. Faut dire que j’avais pris pas mal de kilos à force de me bâfrer. Au bout d’un long séjour, qui me parut bien court, ils décidèrent de m’expulser. Je leur ai résisté aussi longtemps que j’ai pu, mais il faut vous l’avouer que malgré ma corpulence je n’ai pas fait le poids face à leur grande détermination. La propriétaire de l’hôtel de luxe où je séjournais, aidée pour cela par des individus en uniforme, m’a fait sortir manu militari de mon petit cocon douillet. Comme j’avais décidé de m’enfermer dans un certain mutisme devant ce que je considérais comme une agression, l’un des individus m’a attrapé à bras le corps et m’a flanqué un grand coup, d’une main ferme, sur mon arrière train. Ce qui eut pour conséquence de me faire monter aux yeux mes premières larmes et à me faire vagir à n’en plus finir.

     

    Quels souvenirs me reste-t-il de ce voyage ? Il faut vous l’avouer, rien et pourtant tout. La conglomération d’atomes qui compose mon être avec les sensations qu’elle a engendrées, les sentiments qui me font vibrer, réagir, interagir dans l’espace-temps de la vie, tout vient de là, tout, absolument tout vient de ce commencement…

     

     

    http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/oeuvres-commentees/recherche/commentaire_id/lorigine-du-monde-125.html

     

     

    03/11/14 - ©dh

  • Sur les traces de l'albinos bleu

    Petite discussion impromptue autour d’un gril entre deux chasseurs cannibales.

    - Dis, tu le veux comment ?

    - Quoi ?

    - Ben, la cuisson de ton albinos. Tu le veux bien cuit, à point, saignant ?

    - Non. Je le préfère bleu !

     

    27/10/14 - ©dh

     

  • Haiku 131 - la peau de l'ours

     

    ours blanc, brun ou noir
    si ta peau sent la chaussette
    c'est carpette diem



    23/10/14 - ©dh

     

  • Haiku 130 - balai et poussière

     

    je suis peu de chose 
    moi la poussière d'étoile
    allez du balai !



    13/10/14 - ©dh

     

  • Labyrinthe d'odeurs

    humées, aimées
    rejetées, détestées
    elles se sont enfuies
    et reviennent aujourd’hui

    se brouillant, se mêlant
    s’emmêlant, se fusionnant
    d’un lieu, d’une fleur
    d’une émotion, d’une peur

     

    de ce continuum de perditions
    s’envole le frêle papillon
    d’un bref éclair de lucidité
    bien trop vite emporté

     

    prisonnier de l’inextricable
    me voilà totalement incapable
    de faire épouser ces fragrances
    à mon monde en partance

     

    et à mes côtés, vous Madame
    si patiente, si calme
    au parfum que j’ai un jour connu
    vous ai-je déjà vue ?

     

     

    07/10/14 - ©dh

  • Haiku 129 - pie

     

    jardin ou télé 
    la pie aime y jacasser
    pour tout ce qui brille



    22/09/14 - ©dh

     

  • Haiku 128 - lune

     

    service de nuit 
    l'assiette blanche de lune
    régale mes yeux



    12/09/14 - ©dh

     

  • Haiku 127 - aronde

    hirondelle_2.jpg

     
    La furie des eaux avait fini de creuser le sol pour laisser place à ce merveilleux serpent de falaises abruptes, fantastique écrin de roches d'un cours d'eau désormais apaisé. Pour sceller l’union du merveilleux et de la nature, une arche de pierre s’était dressée ici, anneau symbolique de cette alliance.

    Et toi, tu es là depuis la nuit des temps. Longtemps, longtemps bien avant que Sapiens sapiens ne marque son passage, il y a vingt ou trente mille ans à peine, sur les parois des grottes aux alentours avec des dessins ocres et noirs...

     

    sous l’arche de pierre
    ton cri annonce ton vol
    ventre blanc, dos noir


    07/08/14 - ©dh

  • Haiku 126 - rosé

     

     

    en ce jour touffeur 
    perle la fraîcheur d'un verre
    d'un été rosé



    24/06/14 - ©dh

     

  • Haiku 125 - rêve d'ailleurs

     

    il n'est qu'un voyage 
    qui hante mes nuits moites
    et toi tu l'ignores



    16/05/14 - ©dh

     

  • Haiku 124 - sourire

     

    lointain dans la nuit 
    sur l'océan reflétant
    sourire de lune



    27/03/14 - ©dh