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daniel - Page 23

  • Mal de mer

    - Je viens de lire dans une revue un article intéressant où il était question de boisson et de thé en particulier. L’auteur terminait son papier avec une question amusante : «Crois-tu qu’il soit possible d’avoir le mal de mer dans une tasse de thé ?»

    - Bien sûr !

    - Comment cela est-il possible ?

    - C’est simple. Remplissez une casserole de l’eau la plus limpide qui soit. Mettez-la à chauffer et portez le liquide à ébullition. Versez-le dans une théière et rajoutez-y le meilleur des thés, du Darjeeling. Refermez le couvercle de la théière et laissez infuser un bon moment. Remplissez une tasse en porcelaine de Chine de ce breuvage exquis. Glissez-y un peu de sucre de canne à votre convenance. Touillez le tout avec une petite cuillère en argent. Portez la tasse, petit doigt bien relevé, à la hauteur de vos lèvres. Prenez bien le temps de humer le parfum délicat. Secouez la tasse doucement avec de petits mouvements circulaires. Fermez les yeux, surtout fermez bien les yeux...

    - Why ?

    - Pour vous préserver de la naupathie. Parce que votre tasse de thé contient bien un océan… l’océan qui sépare notre monde civilisé des autres… des incultes.

    - Sir ! Yes Sir !

     

    13/12/13 - ©dh

  • Givre

    nature_givrée.jpg

    A l’heure où la nuit s’apprête à desserrer son étreinte sur la cité endormie, que la lumière reprend lentement et timidement ses droits, s’offre à mes yeux jamais rassasiés l’étendue givrée d’une nature figée. Très certainement blasées, quelques ombres grises filent sans marquer l’arrêt, ni même porter la moindre attention au merveilleux. Une pellicule glacée recouvre tout alentour. Du végétal au minéral, il n’est presque rien qui ne soit pas habillé de cette fine dentelle. A l’instant où les réverbères abandonnent leur lutte molle contre l’obscurité fuyante, disparaissent alors les reflets ivoire au profit d’une blancheur éclatante. Un silence qui se veut absolu accompagne le moment comme il en est pour certaines beautés qui forcent le respect et l’admiration, laissant sans voix tous ses témoins. Cette vision, véritable gourmandise de fin d’année, mon cœur la savoure avec un bonheur extrême. Le ciel se teinte d’ambre claire annonciatrice de l’inéluctable. D’ici peu le soleil, maître du jour, reprendra ses quartiers.

     

     

    10/12/13 - ©dh

     

  • La musique adoucit les meurtres

    Mélomane, il préfère l’improvisation. Avec lui, rien n’est jamais joué de la même manière. Le morceau du jour n’est pas celui de la veille ou de l’avant-veille. Le rythme, les temps, les contretemps, tout est à chaque fois différent. Bach, Mozart, Vivaldi… non merci, pas pour lui. Lui ce qu’il adore c’est le contemporain. Le hard, le métal, le dur, le vrai. Ce qui arrache, qui explose, les corps, les tympans et qui fait tressauter tout le monde, même les plus grands connaisseurs en la matière. Il affirme que tous ses auditeurs apprécient sa musique, tous sans exception. Comme aucun n’est jamais venu se plaindre et qu’après ses interprétations la quiétude la plus totale contraste toujours avec la fureur des décibels délivrés, il répète à l’envi : la musique adoucit les meurtres. Ah, j’oublie de vous préciser qu’il joue toujours en solo et que son outil de travail de prédilection c’est l’AK 47. Vous savez, la Kalachnikov, l’instrument qui fait fureur en ce moment dans le sud de la France.

     

    02/12/13 - ©dh

  • Haiku 123 - vachement belle

    Vache.jpg

     

    être belle et rousse
    malgré ça porter les cornes
    avouez c'est vache 



    21/11/13 - ©dh

    Crédit photo : Toncrate

  • Haiku 122 - la vie est courte à mourir

     

    quand elle est très belle 
    la vie est courte à mourir
    ça c'est vraiment con



    04/11/13 - ©dh

     

  • La rue

    La rue était étroite, longue, humide et obscure. L’homme pressa son pas pour se diriger vers la petite lueur qui scintillait là-bas tout au bout de la venelle. Il frissonna au contact d’un petit coup de vent glacial qui lui gifla le visage au croisement d’une allée plus noire et plus glauque que celle qu’il empruntait. Machinalement il releva le col de sa veste en tweed. Vraiment il faisait froid, il avait froid. Arrivé au bout de la rue devant une bâtisse, la lueur s’était transformée en lumière se déversant sur le trottoir à travers l’imposte de la porte d’entrée. Il sonna et dû s’y reprendre à deux fois avant que le lourd battant de la porte en bois ne s’ouvre sur une créature. Elle lui tendit sa main droite qu’il s’empressa de saisir. La main était chaude et l’effet fut immédiat, une onde de chaleur lui parcourut tout le corps. Un brouhaha couvert par de la musique s’échappait de la pièce principale de la maison. Remarquant  sa curiosité, l’hôtesse l’invita à entrer. Sur une grande piste un groupe d’individus se déhanchaient et gesticulaient au rythme d’une musique au son électronique mixée par un DJ branché. Presque naturellement il se mêla aux danseurs et bougea son corps en synchrone. Assez bizarrement, malgré cette débauche d’énergie il ressentit un grand froid. Il avait froid, très froid. Le DJ qui officiait au mixage cria : «Attention il va nous quitter» Aussitôt l’homme sentit une grande brûlure à la poitrine qui le fit tressaillir. Il sursauta comme jamais auparavant. Cela eut pour effet de lui faire ouvrir grand les yeux et il vit la femme qui l’avait accueilli avec un masque sur le visage. «Un bal masqué, zut c’est un bal masqué, dire que je ne suis pas venu travesti...» Il n’eut pas le temps de terminer son raisonnement qu’un second choc vint lui secouer le corps. Puis un troisième et ainsi de suite jusqu’à ce que la musique électronique ne soit plus qu’un long sifflement aigu en continu.

    - Ça y est on l’a définitivement perdu.
    - Docteur vous avez fait tout votre possible... tout ce qui est humainement possible de faire... n’ayez aucun regret...
    - Je sais, je sais Mademoiselle, mais j’ai toujours du mal avec cela.

     

    18/10/13 - ©dh

  • Haiku 121 - arrière-saison

     

    l'arrière-saison 
    l'instant où le cœur dit oui
    et le corps dit non



    11/10/13 - ©dh

     

  • Haiku 120 - marrons d'automne

      

     

    tombent les feuilles 
    hier sous ces grands marronniers
    mes guerres d'enfance 



    20/09/13 - ©dh

     

  • Oubli

    ronds.jpg



    Que de desseins et de quêtes d’éternité aux destins sombres dans cet univers. Il en est des futiles, c’est vrai, mais pas que. L’oubli, fait mineur au demeurant, se révèle être à la fin bien tragique. Je prends, j’absorbe, je recrache, j’oublie.

    Erato effleure de sa main l’imaginaire du poète et le voilà officiant diffuseur livreur d’une pensée, d’un message. Visible et audible à son origine, l'apophtegme suit son chemin en s’estompant pour se perdre dans l’infini. Un caillou tombe et frappe le miroir lisse et immobile de la vie, de l'eau. L’onde du choc se disperse en une multitude de cercles concentriques qui vont en s’élargissant jusqu’à disparaître. L’intemporalité n’est pas de ce monde. Tout se dilue et se meurt avec certitude dans l’espace-temps comme se meurent les ronds dans l’eau.

     

    19/09/13 - ©dh

     

  • Haiku 119 - se revoir Monsieur

     

    maintenant la nuit 
    brille une lueur nouvelle
    l'étoile Jacquard 



    13/09/13 - ©dh

     

  • Haiku 118 - après-midi de fourmi

     

    au pied du platane
    sur un damier de lumière
    joue dame fourmi 



    23/08/13 - ©dh

     

  • Haiku 117 - à la mi-août

     

    des jours remplis d'or
    fondent mon cœur dans mon corps
    déjà la mi-août 



    16/08/13 - ©dh