Haiku 136 - les beaux dégâts
à l'inaccessible
j'ai dit inconscient : t'es belle
v'la les beaux dégâts
19/01/15 - ©dh
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à l'inaccessible
j'ai dit inconscient : t'es belle
v'la les beaux dégâts
19/01/15 - ©dh
au cœur qui frémit
devant la beauté des fleurs
douce et belle année
28/12/14 - ©dh
à gauche ou à droite
c'est bien l'éternel dilemme
depuis qu'est le slip
15/12/14 - ©dh
te souviens-tu de cet été, enfant…
quant au chant du coq tu t’étais levé à la lueur de l’ambre clair naissant, et que, dans ce jardin où régnait ce faux silence bruissant, d’un pas mal assuré tu avais marché les pieds nus sur l’herbe tendre, mouillée de la rosée du matin…
te souviens-tu de cet été, enfant…
quand dans la nuit conquérante, tu avais levé ton regard émerveillé vers l’immensité de cette voûte céleste traversée d’une pluie de comètes scintillantes filant se noyer dans l’indigo océan…
te souviens-tu de cet été, enfant…
de cette lune blanche et ronde que tu avais rendue captive, l’espace d’un moment, au fond d’un seau dans le reflet de son eau…
te souviens-tu de cet été…
12/12/14 - ©dh
la leçon d'hiver
s'écrit sur le tableau blanc
des vitres d'autos
10/12/14 - ©dh
Un horizon bleu noir
Des ombres s’accrochant sur le sombre
Perforées de minuscules rectangles jaunes
Dans le lointain de la nuit urbaine
Se file l’éphémère brocart
De lignes rouges et or
Partant dans toutes les directions
Des lampadaires en rails interminables
Crachent leur lumière blanche
A leurs pieds sur l’asphalte gris
Grouille une foule dense
Déambulant avec nochalance
Brouhaha, cris d’enfants
Rires, chants de poivrots
Résonnent des heures durant
L’air se vomit des odeurs
Des vapeurs d’hydrocarbure
A la marée du port tout proche
Des senteurs de guimauve
Du pralin des marchands ambulants
Et de la frite triomphante
La nuit s’avance
S’étouffe le tintamarre
S’estompe la cohue
Arrive enfin cet instant
Du moment tant attendu
D'un souffle frais venant du large
Courant les rues désertées
Balayant l’atmosphère poisseuse
Pour revivifier la cité endormie
03/12/14 - ©dh
Elle prenait comme moi le 18h45.
Il faut que je vous fasse un aveu. Jamais je ne l’ai remarquée. Elle, perdue dans la foule des anonymes, n’a pas su ou n’a pas pu retenir mon attention. Non, il n’y a pas eu ces yeux magnifiques à la couleur d’une minéralité rare, de regard mystérieux amorce de début d’un voyage fantastique, de chevelure ondulante jumelle de Cassiopée dans la nuit d’un été torride, de parfum délicat à la rareté d’une rose de Samarkand, de voix mélodieuse à la douceur d’une mésange, de démarche altière d’une reine de Saba damnant le pauvre Salomon que je serais devenu, rien de tout cela ou rien d’autre encore.
Mais alors comment ai-je pu connaître son existence ? Simplement parce que c’est elle qui me l’a dit ou plutôt écrit. Je me suis reconnu en lisant fortuitement, dans la rubrique du cœur du journal de ma région, un article qui titrait :
Il prenait comme moi le 18h45.
27/11/14 - ©dh
au sol des feuilles rouille
et se cachant dans la brume
de grands arbres nus
24/11/14 - ©dh
- Docteur, je vous ai dit que j’adorais la vie, la lumière...
- Oui, je vous écoute…
- Ce que je ne vous ai pas encore dit, c’est qu’a contrario la nuit m’angoissait, me terrorisait et cela depuis ma tendre enfance…
- Oui, je vous écoute…
- Il m’arrive ces derniers temps d’aller au-devant de pensées sombres pour y découvrir les limites de mes angoisses…
- Oui, je vous écoute…
- D’accord, j’y vais tout de suite, maintenant. Je commence ma descente au plus profond du gouffre, en quête de noirceur, en ce lieu où la lumière n'a plus droit de cité. Je débute une exploration qui se veut sans limite. Vous savez, le noir se décline en de multiples tonalités sur la palette de qui veut bien l’observer ou plutôt bien le ressentir...
M’envahissent les pensées noires
Implacables et traîtresses
Mon esprit se noie du soir
Mon corps glisse en détresse
Me fuit cette volonté
Dernier rempart à la nuit
De l’abîme des angoissés
C’est la raison qui s’enfuit
S’étouffe la flamme du tendre
Au romantisme dépassé
A l’idéal désuet
S’éteint la vie dans la cendre
Doucement et en silence
Puisque telle est la sentence…
- Hem, bien, bien…
- Qu’en pensez-vous docteur ? Dois-je m’abstenir de provoquer ce type de réflexion ?
- Oui, je vous écoute…
21/11/14 - ©dh
De la fenêtre entrouverte monte les bruits de la rue. Elle, elle est allongée dans le grand lit carré de la chambre. Lui, il est assis sur une chaise à côté d’elle.
Depuis des mois, des années il refait inlassablement les mêmes gestes comme un protocole bien établi. En entrant dans la pièce le matin il lui adresse d’une voix douce un bonjour ma chérie, as-tu bien dormi ? Elle ne lui répond pas, mais il lui sourit malgré tout. D’un pas souple, il se dirige vers la commode pour y déposer le plateau du petit déjeuner. Il fait trois pas sur sa gauche pour aller tirer les rideaux de tissu lourd de la grande fenêtre. Il actionne la poignée en laiton pour ouvrir grand le double battant et y laisser pénétrer l’air frais du dehors. Après avoir patienter et profiter de cet instant du spectacle de la rue, il referme un battant et coince l’autre avec l’entrebâilleur de fenêtre. Il s’approche d’elle et, avec une douceur extrême, dépose un baiser sur son front. Il remonte son oreiller pour lui améliorer son confort. S’asseyant près d’elle une assiette à la main il entreprend tout doucement de l’alimenter. Avec patience, cuillère après cuillère il lui porte à la bouche une nourriture liquide, la seule qu’elle puisse ingérer, essuyant par instant, avec une délicatesse extrême, la commissure trempée des ses lèvres. A l’issue de ce petit déjeuner il lui fait la conversation, saisissant la main diaphane de son épouse dans ses grandes mains chaudes. Peu lui importe que de dialogue il n’y ait qu’un monologue, il garde dans sa voix la même passion et la même ferveur, celles qui les ont fait s’unir et s’aimer passionnément il y a longtemps déjà.
Quand il quitte la chambre, il ne manque pas de l’embrasser tendrement et de lui dire :
- Sois sans inquiétude mon amour, je reviens tout à l’heure.
Et avant de refermer la porte, il la regarde toujours longuement avec ce regard, ce regard de vérité qui en dit long sur ses sentiments, le regard du premier jour.
11/11/14 - ©dh
Tout avait commencé par une course. Au top départ, nous nous étions tous élancés pour courir comme des dératés, comme si notre vie en dépendait. Et le meilleur et le plus rapide ce fut moi. J’étais content, heureux comme un fou. Les autres tiraient la tronche. Ils me jalousaient, c’est sûr, je ne les ai plus revus depuis. Pour avoir été le vainqueur de cette compétition j’ai eu droit à une récompense : un séjour VIP tous frais payés. Tout, absolument tout était compris. Nourri, logé, choyé, dorloté, j’étais bien, trop bien au point de commencer à gêner quelque peu. Faut dire que j’avais pris pas mal de kilos à force de me bâfrer. Au bout d’un long séjour, qui me parut bien court, ils décidèrent de m’expulser. Je leur ai résisté aussi longtemps que j’ai pu, mais il faut vous l’avouer que malgré ma corpulence je n’ai pas fait le poids face à leur grande détermination. La propriétaire de l’hôtel de luxe où je séjournais, aidée pour cela par des individus en uniforme, m’a fait sortir manu militari de mon petit cocon douillet. Comme j’avais décidé de m’enfermer dans un certain mutisme devant ce que je considérais comme une agression, l’un des individus m’a attrapé à bras le corps et m’a flanqué un grand coup, d’une main ferme, sur mon arrière train. Ce qui eut pour conséquence de me faire monter aux yeux mes premières larmes et à me faire vagir à n’en plus finir.
Quels souvenirs me reste-t-il de ce voyage ? Il faut vous l’avouer, rien et pourtant tout. La conglomération d’atomes qui compose mon être avec les sensations qu’elle a engendrées, les sentiments qui me font vibrer, réagir, interagir dans l’espace-temps de la vie, tout vient de là, tout, absolument tout vient de ce commencement…
03/11/14 - ©dh
Petite discussion impromptue autour d’un gril entre deux chasseurs cannibales.
- Dis, tu le veux comment ?
- Quoi ?
- Ben, la cuisson de ton albinos. Tu le veux bien cuit, à point, saignant ?
- Non. Je le préfère bleu !
27/10/14 - ©dh