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Impromptus littéraires - Page 4

  • Le message du réfrigérateur

    Elle m’a quitté. Ma nana m’a plaqué. Si, si... et pour de bon cette fois. Ce matin, à l’heure du p’ti déj, j’suis tombé sur un p’tit mot plaqué à la porte du réfrigérateur. Sous le magnet à l’effigie du capitaine Haddock j’ai pu déguster, vous apprécierez j’en suis sûr, la prose de celle qui est désormais mon ex :

    «A toi l’amateur de haikus, pas de grand discours, juste l’essentiel :

    T’es com’ ce frigo
    Gros, ronflant, parfois bourré
    Et trop con gelant

    Atchao, à jamais... »


    06/02/13 - ©dh

  • Crépuscule

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    Crépuscule... Tu t’offres sans retenue là-bas, tout au bout de ce boulevard du... Crépuscule... Où se silhouettent en ombres chinoises des personnages énigmatiques, habitants ou maîtres du... Crépuscule...
    Des dieux sans doute avec Rê en fruit mûr, trop blet, baignant dans son jus orangé, sirupeux jusqu’à l’écœurement, s’offrant, vieux prostitué, à la tentation des gourmands de l’extase en appât merveilleux de l’instant présent du... Crépuscule... Des damnés jetés par lui, sans état d’âme, dans les bras de la nuit profonde suiveuse du... Crépuscule.

    L’orange et le noir ne se marient-ils pas à merveille ?

     

    31/01/13 - ©dh

    Crédit photo : Randover

  • Les autres îles

    Il y a eu Patmos où, sur les traces de Jean, je quêtais le Spirituel. Des Aléoutiennes en passant par les îles Sous-le-Vent aux mystères de Pâques, mes yeux se sont brûlés de ces lumières, ma peau s’est burinée des embruns. Dans cette course sans fin, je cherchais l’introuvable, je croyais à l’inexistant. Après une vie traversée de bonheurs éphémères, un soir, je m’étais couché, dans ce grand lit carré, recru de fatigue, harassé par les années. Tu t’étais approchée de moi et, tendrement, m’avais caressé le visage. Tu me murmurais des mots doux pour m’apaiser. Et j’ai vu, à la lueur de la lune, ce reflet dans l’océan de tes yeux, cette île tant recherchée, tant rêvée, enfin à  portée de main. Cette île qui supposait d’autres îles, c’était toi, c’était l’île de ton cœur.

     

    20/04/12 - ©dh

  • La tour

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    Au sûr et à couvert dans la petite tour

    Le corps franc des volontaires veille nuit et jour

    Afin qu’onc ribaud, larron ou fieffé coquin

    Dans la cité se risque de soir ou matin

     

    Point de ronds de jambe à faire devant le guet

    A âme bien née nulle crainte à se présenter

    Mais gare à celui à qui patte blanche fait défaut

    Sa vie tombera d’un trait raide de carreau

     

    Sur ce chemin de ronde à ouvrages courbes

    Il ne peut y avoir de place pour les fourbes

    Saint-Martin protecteur est guide dans leurs choix

     

    Oyez bien, qu’on se le dise ici ou ailleurs

    La garde a réputation d’être la meilleure

    Fidèle à nostre Mère l’Eglise et au Roy

     

     

    09/01/12 - ©dh

     

    Crédit photo : Toncrate

  • J'ai la main sur la poignée de la porte ...

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    RUPTURE

     

    J’ai la main sur la poignée de la porte … J’hésite … Je ne sais si j’en franchirai le seuil … Tout cela est trop bête … Comme à mon habitude, je me suis emporté … Mais là, mes paroles ont été cinglantes … Coupantes comme l’acier acéré … Maintenant, je la sens derrière moi, anéantie … J’entends, ou plutôt je me force à ne pas entendre, ses pleurs … C’est fini, oui bien fini … Tout ce qui restait de notre amour à volé en éclats … Tout est consumé … Cramé… Je suis allé trop loin … Vraiment trop loin … Je suis un dégueulasse, un ignoble salaud … Odieux … J’ai la main sur la poignée de la porte …

     

     

    02/01/12 - ©dh

  • Automne

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    …La belle saison touche à sa fin. Comme à chaque fois, à pareille époque, nous nous rendons, nous les tribus de la plaine, sur la colline sacrée afin d’implorer les dieux de nous préserver de la dureté de la saison morte à venir.

     

     

    Le chaman, gardien des lieux, nous accueille avec une froideur et un détachement inhabituels. Même nos offrandes, plus conséquentes que jamais, ne semblent pas détendre l’homme sacré. Toutes les tribus ont le pressentiment que quelque chose de terrible va se passer.

     

    D’un pas lent, il se dirige vers le plus haut point de la butte et se tourne vers nous, les deux bras croisés sur sa poitrine.  Et, quand sa main gauche se tend vers le ciel comme pour le saisir, une rumeur formidable se fait entendre. Tous ceux qui sont présents, hommes, femmes, jeunes, vieux, savent son pouvoir illimité ; mais là, cela dépasse l’entendement. Les cieux semblent réagir au moindre mouvement de ses doigts. Quand il les referme, la ligne d’horizon se tord et l’ensemble, nuages compris, se froisse comme se froisserait une étendue d’eau prise sous la tempête. Aussitôt le miroir de la mer cesse et un noir absolu, mat, prend lieu et place des reflets, des brillances. Il y a bien le soleil qui fait de la résistance. Elle ne dure guère. L’astre s’accroche l’espace d’un instant, brûlant de mille ors comme jamais il ne l’a fait. Mais au second coup de poignet, son sort est définitivement scellé. Il disparaît comme le reste. Après un bref silence dû à la stupéfaction, l’on entend rapidement des sanglots s’élever vers ce qui fut et n’est plus. Des gémissements, des supplications s’adressent à l’homme vénéré.

    Heureusement la nuit ne dure pas. Tendant bien haut sa main droite, les doigts écartés, il restitue le ciel et la lumière sous les cris de joie de la foule. Au moment où il abaisse son bras, alors qu’aucun vent ne souffle, toutes les feuilles des arbres de la forêt environnante tombent d’un coup, d’un seul…

     

    - Alors, tu y arrives au bout de ta traduction ?

    - Tu sais, ce n’est pas facile. J’ai bien mis deux semaines pour donner un sens cohérent à ce récit. C’était écrit dans une langue totalement inconnue. J’ai dû faire des recoupements avec d’autres dialectes très anciens qui avaient gardé quelques mots ou expressions qui leur étaient apparemment communs et…

    - Dis donc le gars qui a écrit ce texte nous raconte le déroulement d’une éclipse en automne.

    - C’est fort probable, mais il y a un truc qui me chipote.

    - Quoi donc ?

    - Jamais personne n’a vu les feuilles des arbres d’une forêt entière tomber d’un seul bloc et, qui plus est, sans l’aide du moindre vent.

     

     

     

    26/09/11 - ©dh

  • Souvent je me prends pour...

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    Souvent je me prends pour un ange. Mon sourire est douceur et je dispense bienfaits tout alentour. De l’arrière de ma chemise immaculée sortent deux ailes blanches me permettant de voler rapidement au secours des gens en grande détresse qui invoquent mon nom. 

    Hélas... La réalité est autre. Mon âme est noire. Elle est si noire que je n’ai pas pu m’empêcher de vous mentir sur ma vraie nature. Je déteste les gens. Tout contact physique m’insupporte. Je les fuis autant que faire se peut. Que l’un d’entre eux ait l’outrecuidance de croiser mon chemin lors de mes balades nocturnes et d’essayer de nouer le dialogue, alors... Je suis si méchant qu’il m’arrive de me faire peur. Je ne peux plus me supporter, et ceci à un tel point, que j’ai décidé de faire disparaître tout reflet de ma personne dans un miroir. Même mon ombre n’existe plus.

    De temps à autre de courts répits entrecoupent ma haine et me permettent, comme en ce moment, de poser un regard lucide sur mon terrible comportement. D’ailleurs je ressens que mon naturel reprend le dessus et je vais abréger mon écrit qui risque de se faire plus mordant. Pardon... Non, ne me pardonnez pas ! Je vous abhorre...

     

    30/06/11 - ©dh

  • A bout de souffle

    lettre_mail.jpgChers Impromptus,

    Je proteste contre cette idée saugrenue qui est de demander l'écriture d'une lettre de réclamation où il ne sera toléré aucun point en son corps, hormis le final, cela étant irréaliste parce que, vous en conviendrez, quand je m'exclame je dois utiliser le point d'exclamation, si je m'interroge c'est le point d'interrogation et bien que le texte puisse circuler entre les virgules et se donner la possibilité de doubler le point pour amener à une démonstration, je ne peux introduire le doute ou l'hésitation avec, par exemple, le point de suspension qui, est à mes yeux, bien plus nécessaire pour étayer mes récriminations que les tirets, parenthèses et autres points-virgules autorisés ; c'est donc avec ce courrier que je tiens à faire cette mise au point qui ne nécessite pas forcément d'ouvrir des guillemets pour mettre en exergue ma mauvaise humeur, mais qui me permet de conclure en les plaçant sur le mot "fin".

     

    21/06/11 - ©dh

  • Quatrième de couverture

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    Rien ne va plus au pays du Bois Joli. Le manège enchanté a cessé de tourner. On a retrouvé la petite Margot assassinée après avoir été violée. Les soupçons se portent sur Ambroise le gastéropode qui a disparu. Des traces baveuses sur la victime semblent l’accabler. Pollux, le limier anglais, garde son flegme et se lance sur la piste du criminel. Son enquête l’emmène de surprise en surprise.  Zébulon, le transporteur magique, devenu alcoolique déprime, le ressort cassé. Azalée la vache, rente garantie des plus grands psychiatres patentés, essaye de positiver en s’évitant de faire un fromage. Flappy le lapin, grand consommateur d’herbe qui a, depuis bien longtemps, cessé d’en manger pour la fumer, se cache chez lui, terrorisé. A la suite de ce crime, d’anciens méfaits, non-élucidés et tous aussi sordides, remontent à la surface. Ambroise serait-il le responsable de tout cela... hep, hep, hep... tournicoti, tournicoton...

    Les Impromptus nous dévoilent, avec leur premier roman “Les crimes de l’escargot”, la face cachée du Manège enchanté, grand succès des sixties. Ils nous entraînent, avec ce thriller haletant, dans les coulisses d’un monde qui se voulait lisse et rose mais qui se révèle finalement noir... terrifiant. Un livre pour ceux qui veulent couper définitivement le cordon qui les rattache à leur tendre enfance.

     

    01/03/11 - ©dh

     

    Photo sous licence Creative Commons, d'après FlickR -  Montage aléatoire généré par le site "untitre" d'Omer Pesquer.

     

  • Derrière les apparences

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    - Regarde petit dragon et dis-moi ce que tu vois ?
    - Des poissons rouges, Maître.
    - Mais encore ?
    - Un conglomérat de poissons rouges dans une pièce d'eau et le reflet de la toiture du temple, vénérable Maître.
    - Regarde bien, regarde bien...
    - Mais Maître, que peut-il y avoir d'autre ?
    - Derrière les apparences, petit dragon, derrière les apparences... Calme ta pensée et observe bien.
    - Oui Maître.
    ...
    - Et maintenant petit dragon ?
    - Maître, j'ai suivi vos conseils. J'ai regardé tant et tant que je ne voyais plus les poissons, ni le reflet du temple mais... mon reflet. C'était l'image pitoyable de votre serviteur qui cherchait à comprendre.
    - C'est bien petit dragon, je vois que tu es sur la bonne voie...

     

    22/02/11 - ©dh

    Crédit photo : L'Arpenteur d'étoiles

  • La part d'ombre

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    Ils s'embrassaient tendrement, longuement. Assez longtemps jusqu'à ce que la voix forte du chauffeur de bus mette brusquement fin à leur étreinte.

    - Chambéry - Voglans, départ immédiat !

    C'est avec beaucoup de difficulté qu'il consent à la laisser s'en aller. Même Roméo n'en a pas fait autant pour sa Juliette. La scène est d'une telle intensité romantique qu'elle arracherait des soupirs d'émotion à n'importe quel spectateur lambda. Vraiment, que c'est beau l'amour. A peine entrée dans l'autobus, elle se précipite sur le premier siège libre au plus près de la vitre. Elle y colle ses deux mains, doigts bien écartés, et y pose ses lèvres pour lui envoyer un dernier baiser. Le bus démarre en crachant un gros nuage de fumée noire, empestant l'air avec une sale odeur de gazole. Il fait deux pas en arrière pour ne pas se faire écraser les pieds par les roues imposantes de l'engin. Il réussit à déchiffrer sur les lèvres de sa bien-aimée cet ultime message muet qu'elle articule avec lenteur pour se faire bien comprendre : "Je 't'aime".

    La tâche bleue du véhicule se fond rapidement au loin dans la barre sombre d'un soir d'été naissant. Il cesse d'agiter sa main droite, le visage plus songeur que triste ceci malgré la présence de larmes naissantes au coin de ses yeux. Vivaldi, ou plutôt la version sonnerie de ses quatre saisons, met fin à son expectation. Il colle son téléphone portable à l'oreille et prend la communication d'un ton légèrement excédé :

    - Ah quand même... Bon pour ce soir c'est OK... Je suis chez toi dans une heure... Quoi ?... Je suis à la gare routière, je viens de déposer un pote... Oui, d'accord... Quoi ?... Mais oui je t'aime, qu'est-ce que tu vas penser ?...

    Il raccroche et se dirige vers sa voiture. Il, est un garçon merveilleux, attentionné, amoureux, flamboyant diraient certains, parfait s'il n'y avait cette petite part ombre au tableau... c'est qu'il les aime toutes.

     

    03/05/10 - ©dh

  • Quand je vis le menu

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    Quand je vis le menu, je compris tout de suite...

    D'une grande pirogue avec de grandes feuilles toutes souples avaient débarqué des hommes au visage aussi blanc que le sable des plages de notre île. C'était la première fois de ma vie qu'il m'avait été donné l'occasion de rencontrer de pareils êtres. Ils parlaient fort avec un langage que je ne connaissais pas. Aucun guerrier connu, même issu des tribus les plus lointaines, et ce bien au-delà de la barrière de corail, ne parlait cet idiome. Ils dégageaient une odeur qui portait loin. Certains sentaient le rance et le suint, d'autres, ceux qui les commandaient, avaient le parfum délicat de fleurs qui m'étaient inconnues. Ils firent des feux sur la plage et y construisirent des cabanes avec le même genre de feuilles souples que celles de leur grande pirogue. Quand le soleil eut dépassé le zénith, ils se mirent par deux, les uns derrière les autres et marchèrent, dans notre direction, vers la forêt dense et luxuriante. Tapis dans l'ombre du végétal, ma tribu et moi-même les attendions avec une certaine impatience. Il y avait de tout et pour tous les goûts, des secs, des bien gras, des grands, des petits...

    Quand je vis le menu, j'avais compris tout de suite que, cette année, la mauvaise saison allait se passer dans l'opulence.

     

    19/04/10 - ©dh