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Souvenir

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Il est dans la vie des instants, heureux ou malheureux, qui laissent en chacun de nous des traces indélébiles. Bien souvent, il en est une qui prédomine. Flotte dans ma mémoire, dans ce marais que sont mes souvenirs, une image revenant de manière récurrente sans que rien ne l’appelle à se manifester. Jamais je n’ai cherché à m’en débarrasser dans le gouffre de l’oubli. Elle ne me dérange pas plus que cela. Elle fait partie de ces choses passées à l’ordinaire pour lesquelles l’indifférence est de mise, de ces objets que l’on côtoie depuis si longtemps qu’il arrive de ne plus les voir bien que, structurellement, ils soient bien là.

Cette image me ramène immanquablement à une rue, un bout de jardin, un lilas en fleur. Je me souviens de ce matin où, enfant je m’étais arrêté devant ce lilas. Je l’avais contemplé, l’espace de quelques secondes, avant de reprendre ma promenade. Il était planté dans un modeste jardin qui bordait une maison grise et banale. Aucun événement fortuit n’avait marqué cet instant. Vraiment rien qui puisse capter mon attention, capable à ce point d'imprégner ma mémoire.

Des massifs de lilas à longues tiges ployant sous le poids de fleurs épanouies blanc mauve, rehaussées du vert délicat et profond de leur feuillage, embaumant tout l’alentour de subtiles fragrances, il m’en a été donné d’en voir, d’en humer par centaines. De ceux-là, je n’ai gardé que des souvenirs visuels et olfactifs qui me permettent d’en parler aujourd’hui. Mais aucune rencontre végétale, animale ou humaine ne m’a laissé une empreinte aussi précise, aussi récurrente dans ses apparitions et, surtout, aussi énigmatique par son prosaïsme. Non, la terre n’a pas tremblé ce jour-là et je ne crois pas qu’un alignement de planètes ou un thaumaturge aurait influé sur cette imprégnation d’image. Je me souviens et ne cherche point d'explication à l’éventuelle signification de cette itération visuelle. La vie m’a appris que l’ordinaire, aussi, avait le droit d’exister.

 

08/10/09 - ©dh

Commentaires

  • Comme tout cela est joliment bien dit !

    Personnellement il m'est arrivé le contraire : un jour que je regardais un film alors que j'étais enfant, j'ai décidé que je me souviendrais toute ma vie du début de ce film. De fait, je m'en souviens encore : c'était un film noir et blanc (déjà un peu ancien à l'époque), une jeune femme brune descendait joyeusement la rue d'un village qui aurait pu être italien, tout en saluant les personnes se trouvant aux fenêtres, puis elle arrivait sur la plage.

    Ce qui est extraordinaire, c'est que j'ai le souvenir très vif de cet instant, par contre aucun souvenir du reste du film et encore moins du titre ! Je ne vois pas vraiment à quoi cela me sert... :-))

  • moi aussi j'ai un souvenir très fort , devant la fenêtre ouverte...il neigeait...c'était un moment extra-ordinaire...je suis restée très longtemps fascinée à contempler les flocons...coincidence, le jour de la naissance de mon premier enfant, c'était le premier jour de neige depuis longtemps...j'étais ravie !

  • je viens de chez kronik mon fiston où j'ai vu votre lien alors je fais la curieuse je reviendrais

  • Bonsoir Daniel,

    pardon d'être aussi rare chez toi et je le regrette d'autant plus que tes poèmes, haïkus ou billets m'enchantent toujours.

    Les souvenirs d'enfance sont si pregnants et pour des raisons bien souvent inconnaissables, cachées, secrètes. Un jour de vent bien protégé dans la maison, des animaux de la ferme alignés sur un petit muret du jardin, un matin de Pâques embaumés par l'énorme cerisier ... Et dans la vie de tout les jours, tout à coup, ils font irruption, incroyablement présents, ravivés par une odeur, un parfum, un regard, un geste ...

    les méandres de nos mémoires sont infinis.

  • quel beau billet et si finement écrit !

    comme l'arpeteur (excuse moi arpi,mais elle est trop belle celle-là) je ne viens pas assez souvent mais quand je viens je rêve volontiers...

  • j'ai exactement des souvenirs de ce genre banals et vifs, je pense que cette scéne s'est déroulée dans un instant très remarquable dans le centre nerveux qui controle la mémoire, c a d, à ce moment précis, ta mémoire était stimulée d'une façon précise et compliquée en même temps ( message visuel, olfactif...) si on ajoute l'état émotionel du moment ( le fait que tu t'es arrêté pour contempler, veut dire que le tableau t'intrigue t'impressionne te fascine ou même simplement t'amuse)
    le cerveau ce moment a appri à analyser un pac de stimulus, et les mémoriser tous ensemble pertinement, l'incident devient important dans la mémoire du fait qu'il a marqué une certaine évolution des capacités mentales, et sa trace est tjr présente du moment ou ton cerveau va bien,
    c'est ce genre de souvenirs ( flash bref et net) qui reviennent les premiers après une amnésie occasionelle, tu peux oublier qui tu es mais te rappeler de ça,
    et c'est ce qui aide à recouvrir mémoire,
    c'est un souvenir carrefour, puisque récurrent, c a d, quand tu sollicites des informations stockées dans ta mémoire, tu passes par une certaine chaine de "fichiers" et "dossiers", classés comme dans des boites archives, ce souvenir est collé sur la boite qui contient tes informations, et le tableau surgisse
    la mémoire c'est compliqué!!

  • Six fois merci :-)

  • ... de ces instants
    où tout simplement
    on se sent v'ivre...

  • théo > une part de réponse dans le haïku 45

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