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  • A François, l'Arpenteur d'étoiles

     

    Je n'ai eu connaissance de son décès qu'il y a très peu de temps. Le 28 août 2019, il y a un an jour pour jour, disparaissait François Ebrard. Ce nom, anonyme parmi les anonymes, n'éveillera pas de souvenirs pour bon nombre d'entre vous mais son pseudo sur la toile, Arpenteur d'étoiles, lui sera très certainement reconnu par tous les passionnés d'écriture qui, un jour, ont fréquenté le site des Impromptus littéraires. Alors plutôt que mes mots, je prends l'initiative de publier des mots à lui, l'un de ses poèmes, pour lui rendre un hommage posthume.

    Au revoir l'ami, au revoir mon frère...

     

    L'Effroyable réveil

     
     
     
    Quand l’aile de la nuit couvrait encore le monde
    Nous étions des milliers, n’avions ni dieu ni roi.
    Nous étions les porteurs de vos peurs vagabondes
    Les seigneurs des ténèbres et des contrées sans loi.
     
    Vos cités étaient nôtres. Nous venions d’autres terres.
    De ces îles ignorées aux entrailles fécondes.
    Nos hippogriffes mus par les vents des enfers
    Rugissaient en silence au bord des eaux profondes.
     
    Nous descendions paisibles vers les bas-fonds des villes
    Pour frotter nos peaux sèches à celles des ribaudes
    Reniflant les relents des caresses serviles
    Aux carrefours étroits et glauques des maraudes.
     
    Nous laissions derrière nous la morsure des rapaces,
    Un souffle d’air glacé courant dans les couloirs
    Et l’écho de nos rires quand vous cherchiez la trace
    De nos reflets absents dans l’eau des grands miroirs.
     
    C’était un autre temps, c’était encore hier.
    Si je suis emmuré dans une tombe grise
    Mes compagnons grimacent en leurs prisons de pierre
    Accrochées tout en haut du clocher des églises.
     
    Mais ne reposez pas, ô vous pauvres mortels !
    Nos maîtres sont puissants diables tricéphales.
    Ils se nomment l’argent, le pouvoir, les chapelles
    Et rampent dans vos âmes, prêts à ouvrir le bal.
     
    Quand ils auront semé assez de terreurs vaines
    Dans vos cœurs pétrifiés, assez de noires envies
    Dans vos cerveaux jaloux, suffisamment de haine
    Dans vos foules aveugles, ils nous rendront la vie.
     
    Ils viendront nous chercher perchés en haut des tours.
    Nous planerons alors dans des cieux embrasés.
    Depuis des millénaires nous renaissons toujours
    Et laissons libre cours à nos orgies passées.
     
    Et moi je suis le prince de la sombre cohorte
    Dans mon repère glacé je brûle d’impatience
    J’ai perçu tout à l’heure le serpent qui m’apporte
    Le signal espéré de notre délivrance.
     
    Mes yeux se sont ouverts, déjà je sens en moi
    La lave rougeoyante qui irrigue mes chairs.
    Les valets ont sorti mon habit d‘apparat
    Bientôt je vais paraître aux portes des enfers.
     
    Je ne sais pas encore dessous quelle oriflamme
    Nous nous élancerons. De quelle ville sainte :
    Jérusalem ou Rome, La Mecque ou Manhattan.
    Mais je sais que bientôt s’élèveront les plaintes.
     
    Svastika ou faucille, qu’importe la bannière,
    Le Talmud ou la Bible, Evangile ou Coran
    Qu’importe le slogan : la haine est sans frontière
    Pour les fous sanguinaires qui traversent le temps.
     
    Nous repartons encore pour l’éternel voyage
    Poussant la cruauté à son point culminant
    Nous sommes pour toujours les mercenaires sans âge
    Du fanatisme absurde pourvoyeur du néant.
     
    Surtout n’oubliez pas, ô hommes sans mémoire :
    Quand vous voyez, moqueurs, briller nos yeux de pierre
    Et nos gueules ouvertes qu’au soir la lune éclaire
    C’est le fond de vos cœurs que vous devriez voir.
     
     
    © Arpenteur d'étoiles (François Ebrard)
     
     
  • Tomate du jardin

     

    Tomate_jardin.jpg

     

          rouge
          la tomate au galbe rond
          pour une promesse de bon

          vert
          sa coiffe toute verticale
          modeste couronne d'étoile

          bleu blanc
          s'étire lentement le temps
          pour des nuages musardant

          blanc glace
          le verre d'eau fraîche bonheur
          au corps brûlant à la chaleur



          24/08/20 - ©dh

     

  • Haiku 237 - le camp / das Lager

     

    dans nuit et brouillard
    l'humanité s'est perdue
    ô ignominie

     

    in Nacht und Nebel
    Menschheit hat sich verloren
    Schande über uns

     

     

    A la mémoire de tous ceux et toutes celles qui jamais ne revinrent

     

    02/08/20 - ©dh