Haiku 50 - moustache chocolat
la petite bouille
à moustache chocolat
le grand du moment
26/02/10 - ©dh
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la petite bouille
à moustache chocolat
le grand du moment
26/02/10 - ©dh
à la fin du jour
elle dira viens, rejoins-moi
terre, ô ma terre
23/02/10 - ©dh
Le corbeau, le commis, la vieille dame...
Dans un ciel morne et gris, un corbeau passe. Son croassement, semblable à un cri de désespéré, déchire le silence de cette fin d’après midi. Attend-il une réponse à son appel ?
Dans le carré central du cimetière municipal, un commis égalise du revers de sa pelle la terre sur la tombe qu’il vient de refermer. Son travail est terminé, il s’en retourne vers la sortie. Ira-t-il boire un p’tit canon chez Dédé, le bistrot d’à côté, avant de rentrer chez lui ?
Devant le monticule de terre, une vieille dame au dos voûté, tout de noir vêtue. Son visage ridé comme un champ de labour laisse percer deux yeux secs. Le deuil apparent et le vent glacé soufflant par intermittence ne réussissent pas à humidifier ce dur regard. Pourtant, sous le tas de terre, repose son cinquième mari. Un ancien bon vivant, gourmand, trop gourmand, au point d’ingurgiter toute la dernière cueillette de champignons des bois qu’elle avait préparée en une succulente omelette, sa grande spécialité, et de s’en aller rejoindre ses prédécesseurs : bricoleur maladroit, conducteur somnolent, nageur amateur et passant où il ne fallait pas passer. Pas une émotion, pas une larme. Elle sait rester digne, la vieille dame indigne. Impassible, elle semble songeuse. Petites annonces, bal des veuves ou pourquoi pas ouèbe, trouvera-t-elle un sixième mari ?
19/02/10 - ©dh
de cet arbre mort
te souviens-tu la fraîcheur
les étés passés
12/02/10 - ©dh
le portail était ouvert
tout allait bien
la caravane ne s'arrêtait pas
quand aboyaient les chiens
le portail est fermé
on ne passe plus
le point d'eau se tarit
le cœur des hommes aussi
l'incompréhension s'installe
et l'on oublie le partage
le portail sépare
le fil qui unissait
est barbelé maintenant
il meurtrit les chairs
et saigne les âmes
le portail est en nous
09/02/10 - ©dh
dans ce jardin
le temps se fait calme
le vent s'endort
se joue alors
la douce musique
des feuilles
au sol tombant
dans ce jardin
à la rosée du matin
s'offrent les fleurs
quand au premier rayon venu
sur le tendre tapis vert
du bord de la fontaine
s'ébrouent les petits princes
dans ce jardin
la nappe blanche est mise
pour une grande fête désertée
seul en livrée noire
un majordome sautille
cherchant au milieu de la toile
le nombre d'or perdu
dans ce jardin
des après-midis conquérants
bruissent les frondaisons
et à l'ombre généreuse
des grands arbres
se couchent avec bonheur
les amoureux reconnaissants
08/02/10 - © dh
La mer fait le gros dos. La grève sert de déversoir à d'énormes rouleaux gris marron. Le grondement est assourdissant. De rage, la mer recouvre tous les galets de la plage d'une écume blanchâtre. Le vent, monstrueusement puissant, fait valoir ses droits à la grande dune qui surplombe ce petit coin du littoral. L'endroit, rareté pittoresque, se trouve coincé entre une forêt de pins et de chênes et un minuscule bourg où se serrent une poignée de maisons basses et massives, couvertes de lauzes. Sifflant de rage, l'enfant d'Eole arrache à l'imposante dune d'incroyables quantités de sable, les projetant en écharpes tournoyantes vers un ciel patibulaire, entièrement saturé de nuages noirs.
Rien ne doit, rien ne peut faire cesser la course de ce serviteur zélé, vassal obéissant au suzerain suprême, le commandeur des forces de la nature. Rien ne semble pouvoir le contrer. De vent à tempête déclarée, il semble atteindre son paroxysme quand brusquement, comme de dépit et de renoncement face à l'ampleur de la tâche, il s'arrête. Un promeneur fourvoyé et certainement inconscient en profite pour presser le pas dans la direction du hameau. Il garde la tête engoncée dans son ciré jaune et retient sa respiration, de crainte qu'un déplacement d'air, si minime soit-il, ne rejoigne le dépité et ne l'incite à recommencer. Peine perdue, le répit ne dure pas. Agissant, par calcul, sur un éventuel relâchement de l'opposition, le vent repart de plus belle. Plus virulent et plein de fureur, c'est avec une force décuplée qu'il s'attaque maintenant aux touffes de laîche, l'indéfectible alliée de la dune. Et ce sont des paquets entiers de végétaux qui sont arrachés et emportés, transformant cet ancien havre de paix en un enfer à la vision quasi dantesque.
La pluie, bien trop impressionnée par la violence de son acolyte, évite de participer à la curée. Elle laisse le saccage aboutir. Tout à l'heure, il lui sera encore temps de faire preuve de compassion en pleurant abondamment sur ce qui restera de la dune.
05/02/10 - ©dh
A l’hiver où règne le grand froid
Suit le printemps doux comme il se doit
Et quand au bel été brûlent les corps
C’est à l’automne que coule l’or
03/02/10 - ©dh