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  • La rue

    La rue était étroite, longue, humide et obscure. L’homme pressa son pas pour se diriger vers la petite lueur qui scintillait là-bas tout au bout de la venelle. Il frissonna au contact d’un petit coup de vent glacial qui lui gifla le visage au croisement d’une allée plus noire et plus glauque que celle qu’il empruntait. Machinalement il releva le col de sa veste en tweed. Vraiment il faisait froid, il avait froid. Arrivé au bout de la rue devant une bâtisse, la lueur s’était transformée en lumière se déversant sur le trottoir à travers l’imposte de la porte d’entrée. Il sonna et dû s’y reprendre à deux fois avant que le lourd battant de la porte en bois ne s’ouvre sur une créature. Elle lui tendit sa main droite qu’il s’empressa de saisir. La main était chaude et l’effet fut immédiat, une onde de chaleur lui parcourut tout le corps. Un brouhaha couvert par de la musique s’échappait de la pièce principale de la maison. Remarquant  sa curiosité, l’hôtesse l’invita à entrer. Sur une grande piste un groupe d’individus se déhanchaient et gesticulaient au rythme d’une musique au son électronique mixée par un DJ branché. Presque naturellement il se mêla aux danseurs et bougea son corps en synchrone. Assez bizarrement, malgré cette débauche d’énergie il ressentit un grand froid. Il avait froid, très froid. Le DJ qui officiait au mixage cria : «Attention il va nous quitter» Aussitôt l’homme sentit une grande brûlure à la poitrine qui le fit tressaillir. Il sursauta comme jamais auparavant. Cela eut pour effet de lui faire ouvrir grand les yeux et il vit la femme qui l’avait accueilli avec un masque sur le visage. «Un bal masqué, zut c’est un bal masqué, dire que je ne suis pas venu travesti...» Il n’eut pas le temps de terminer son raisonnement qu’un second choc vint lui secouer le corps. Puis un troisième et ainsi de suite jusqu’à ce que la musique électronique ne soit plus qu’un long sifflement aigu en continu.

    - Ça y est on l’a définitivement perdu.
    - Docteur vous avez fait tout votre possible... tout ce qui est humainement possible de faire... n’ayez aucun regret...
    - Je sais, je sais Mademoiselle, mais j’ai toujours du mal avec cela.

     

    18/10/13 - ©dh

  • Haiku 121 - arrière-saison

     

    l'arrière-saison 
    l'instant où le cœur dit oui
    et le corps dit non



    11/10/13 - ©dh